Souffle à la femme de Kalilou Diakité : un essai sur les femmes écrit par un homme
Kalilou Diakité est l’auteur derrière une œuvre intimiste, un texte qui explore la condition féminine à travers les époques et les différentes cultures. Publié en 2017 par la structure Edilivre, ce travail se présente comme un hommage aux femmes, tout en soulevant des questions cruciales sur l’égalité des genres et le féminisme. Avec une plume à la fois poétique et très critique quant à ses potentiels détracteurs, Kalilou Diakité s’interroge sur le rôle des femmes dans la société.
Qui est Kalilou Diakité ?
Kalilou Diakité est un essayiste et poète moderne, qui puise dans son inspiration pour aborder les grandes questions de justice sociale. Puisqu’il est coordinateur éducatif au sein de l’association « Zy Va », il sait bien de quoi il parle. Kalilou est l’auteur d’autres ouvrages dont « Francité » et « Ghetto Island » qui explorent notamment la question du patriotisme et ses limites, mais aussi la vie quotidienne dans les cités et les banlieues. L’artiste s’engage pour alerter et éclairer sur la situation actuelle que vivent les personnes qui vivent dans ces HLM et que l’on stigmatise trop souvent. Cette initiative fait également penser au rappeur à la plume d’or, Kery James. En 2017, l’homme co-écrit et joue dans la pièce de théâtre « A vif », qui aborde les discriminations, le racisme et les défis quotidiens vécus par les jeunes de quartier. En 2018, il publie le livre « A vif » aux éditions Actes Sud, en se basant sur le texte de sa pièce et développe sa pensée sur les inégalités en France.
De quoi parle « Souffle à la femme » ?
Cet essai philosophique aux airs de manifeste est un concentré de pensées, au sujet de la beauté -pas seulement physique-, la résilience des femmes. À travers ses pages, l’artiste aborde des thèmes qui sont toujours d’actualité. Parmi eux, la violence contre les femmes, les inégalités éducatives et la sous-représentation de figures politiques fortes. Et pourtant, selon ses dires, les femmes ont cette capacité innée d’inspirer et de provoquer le changement. Pour égayer ses propos, l’auteur adopte une prose élégante et soignée, qui jongle entre critique pure et dure et admiration. L’homme n’hésite pas à mettre en avant des figures féministes emblématiques, dont Olympe de Gouges et Malafa Yousafzai, qui ont grandement influencé la cause féministe.
La prose de Diakité est à la fois élégante et percutante. Il parvient à équilibrer une critique sociale acerbe avec une admiration sincère pour les femmes. En évoquant des figures féministes emblématiques comme Olympe de Gouges et Malala Yousafzai, Diakité rappelle que le combat pour l’égalité des sexes est loin d’être terminé. Sa capacité à traiter des sujets aussi sensibles sans tomber dans le sensationnalisme ou la caricature démontre un certain recul et une profondeur d’analyse appréciable.
Peut-on être un homme allié du féminisme ?
La question de savoir si un homme peut être un allié du féminisme penche plutôt vers le « oui » dans cette œuvre, sans pour autant s’inscrire dans une généralité. Par son écriture et son intention engagée, l’auteur souhaite ainsi soutenir les droits des femmes et leur accorder la visibilité qu’elles méritent.
« Souffle à la femme » s’inscrit dans la lignée des textes et manifestes qui s’interrogent sur la question féminine. « Les Cités du Féminin » de Frédéric Lenoir est un essai paru en 2016. Dans cet ouvrage, l’auteur traite des différentes représentations du féminin dans l’Histoire et le monde. Selon lui, il est absolument nécessaire, pour le bien de l’humanité, de rééquilibrer les valeurs masculines et féminines, afin de construire une société plus juste et égalitaire. Ces œuvres ont en commun une volonté de s’interroger sur la place des femmes dans la société et de lutter contre le patriarcat, véritable fléau, qui nuit autant aux hommes qu’aux femmes. Diakité, avec son approche solidaire, enrichit le discours féministe, sans pour autant s’approprier la cause.
Face à la montée inquiétante des mouvements « incels » et « mascus » qui prolifèrent sur les réseaux sociaux, souvent alimentés par des formations douteuses et des discours de haine, il est crucial que les hommes se rappellent que les femmes ne sont pas leurs ennemies. Le combat des femmes pour la reconnaissance et l’égalité est évidemment légitime, fondé sur des siècles d’injustices et de discriminations renforcées par le système mis en place. En ces temps où des figures comme Thaïs d’Escufon semblent lutter contre leur propre camp, allant jusqu’à nier l’existence du patriarcat et participant à la culture du non-consentement, il est plus important que jamais de soutenir des œuvres portées par des voix alliées du féminisme.
Article rédigé par Zack SEMINET
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