La pire mère du monde

Ce film  retrace avec finesse et mordant les liens familiaux mis à rude épreuve par le pouvoir et les non-dits. Louise de Pileggi, brillante substitut du procureur, entretient depuis toujours une relation conflictuelle avec sa mère Judith, qu’elle n’a pas revue depuis quinze ans. En demandant sa mutation dans un petit tribunal de province, Louise se retrouve face à un passé qu’elle pensait avoir laissé derrière elle : Judith y est greffière et  devient, comble de l’ironie, sa subordonnée directe.
Cette situation explosive prend une tournure encore plus délicate lorsque mère et fille sont contraintes de collaborer sur une affaire en apparence banale, mais rapidement révélatrice de tensions enfouies. Le film joue habilement sur ce huis clos émotionnel, faisant monter la pression jusqu’à mettre les nerfs des personnages  et du spectateur à vif.
Porté par un duo remarquable, Muriel Robin et Louise Bourgoin livrent une partition d’une grande justesse. Leur face-à-face, tour à tour drôle, acide et poignant, constitue le cœur battant du film.  Pierre Mazingarbe, pour son premier long métrage, s’avère maîtrisée et inspirée : un ton légèrement décalé, flirtant parfois avec le thriller, sans jamais perdre de vue les réactions humaines.
Riche en rebondissements et servi par un humour finement dosé, La pire mère du monde offre un regard subtil et percutant sur les relations familiales et les rapports de domination. Un premier film réussi, porté par un remarquable casting. 

En salle 24 décembre 2025.