Turner. Peintures et aquarelles, collections de la Tate./exposition
Le musée Jacquemart-André présente une exposition à ne pas manquer! On y découvre pas moins d’une dizaine d’huile et d’une soixantaine d’aquarelles extraites de l’immense collection des œuvres du peintre anglais, Joseph Mallord William Turner, produites au cours de sa prolifique vie artistique. Grand voyageur, entre 1789 et 1851, date de sa mort, Turner a parcouru l’Europe quand les armées napoléoniennes n’occupaient pas le terrain. Il a rapporté de chacun de ses voyages des milliers de dessins et esquisses. Nous allons ainsi voyager de salle en salle avec lui et imaginer les émotions qui ont guidé sa main.
William Turner a passé sa vie à rechercher comment coucher sur le papier ou la toile, non pas ce qui était, comme le fait la photographie, mais ce que son imagination lui laissait voir. Il a rarement peint en plein air, sa prodigieuse mémoire visuelle lui permettant de restituer en atelier les associations de couleurs. Sa passion de l’expérimentation a toujours guidé sa démarche, avec de persévérants essais de pigments, de supports, de fonds, de procédés, et une inlassable recherche de motifs sous les cieux les plus divers.
Après avoir étudié le dessin et la topographie, il entre dès l’âge de 14 ans à la Royal Academy de Londres où il va produire des œuvres de commande destinées à être exposées. Il explore les possibilités que lui offre l’aquarelle pour la représentation de paysages et de monuments. On lui doit ainsi un « petit » chef d’œuvre (par sa taille !) Vue des Gorges de l’Avon et La vue vers l’est le long de l’aile sud de la Cathédrale de Durham. Il profite d’une accalmie des conflits pour se rendre en Suisse qu’il parcourt le plus souvent à pied. Il va jusqu’à emprunter l’impressionnant Passage du Saint Gothard qui traverse le Tessin ! La reprise des hostilités l’oblige à retourner enAngleterre. Il y produit de nombreuses aquarelles, dont cette Vue de Richmond Hill ou encore ce Moulin à vent sur une colline. Une mention spéciale pour Gordale Scar qui fut vraisemblablement peinte sur place, comme en témoignent plusieurs traces d’éclaboussures.
La paix revenue, Turner va parcourir l’Europe jusqu’à la fin de ses jours, qui survient à l’âge de 76 ans. Il va s’attarder en Italie où il retournera à plusieurs reprises, notamment à Venise. Il en tire un nombre considérable de croquis. Il séjournera en France, sur les bords de la Seine et de la Loire, visitera la Belgique et à nouveau la Suisse, sans jamais se séparer de son précieux carnet d’esquisses. Dans sa Vue de Dinant, une petite bourgade belge, on admire l’assemblage de vert, de jaune, d’ocre, de rouille, de violet qui traduit les tons du coucher de soleil. Ces pérégrinations s’interrompent pour des retours en Angleterre où il produira ses célèbres marines et vues de lacs et de cours d’eau.
Il ne négligera jamais l’huile. Sa palette s’inspirera de l’aquarelle dont il reproduira les effets, comme dans l’éblouissant Rameau d’Or où il va mettre en pratique ses recherches en optique. Il s’essaiera à l’assemblage de couleurs, sans motifs, qui préfigure l’art abstrait du 20ème siècle. Vers la fin de sa vie il réalisera des peintures à l’huile où s’exprimera son art de suggérer des objets ou des paysages qui se diluent dans l’espace environnant. C’est en cela que Turner peut être aussi considéré comme un précurseur de l’impressionnisme. On doit cette remarquable exposition au talent de David Blayney Brown, Conservateur Senior de l’art britannique du XIXe siècle à la Tate Britain de Londres, et de Pierre Curie, Conservateur du musée Jacquemart-André. Musée Jacquemart-André, 158 Boulevard Haussmann,75008 Paris. Jusqu’au 11 janvier 2021.
Téléphone : +33 1 45 62 11 59 http://www.musee-jacquemart-andre.com
Christian de Rouffignac et Hervé Lejosne, Rédacteurs, Léa Berroche, Directrice du magazine « Arts Culture évasions ».
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