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Horror Vacui d’Isaac de Mont : bienvenue aux pompes funèbres Visara & Fils !

Tout d’abord, le roman Horror Vacui a été écrit par le jeune auteur Isaac de Mont, à qui l’on doit déjà plusieurs ouvrages. Cet ancien conseiller funéraire a débuté dans l’autoédition sur la plateforme Amazon en présentant des nouvelles d’un genre hybride, fantastique, mystérieux. Mêlant science-fiction, fantasy et dystopie… Ces recueils ont été majoritairement bien accueillis par le public, l’artiste, qui a rencontré son lectorat, notamment grâce aux réseaux sociaux qui l’ont aidé à se faire connaître auprès de nombreux adeptes, qui ont adhéré à son esthétique particulière.

Aux éditions du Grimoire et la Plume, l’écrivain semble avoir trouvé une structure adaptée à son monde sombre et original. Un an auparavant, Isaac a pu présenter le roman thriller fantastique Disloqué, dans lequel le lecteur suit une héroïne dépressive, cherchant à renouer avec son oncle, fossoyeur dans une forêt du Devon. Pour ce roman, nous espérons que le succès sera au rendez-vous surtout pour cette maison indépendante, qui venait tout juste de se lancer en 2020 à l’époque. A ce moment, l’illustrateur Scorpy faisait déjà partie de l’équipe, un tatoueur toulousain talentueux, à qui l’on doit Nina, Shawn et un prochain ouvrage en hommage à Anne Rice.

Dans son nouveau livre, Isaac de Mont nous emporte dans la Vallée de l’Ambre – un territoire qui inspire à la fois la peur et fascination. Il s’agit d’un désert terrifiant, car affreusement vide, donnant lieu à des mirages et des jeux d’ombre. L’auteur entraîne son lecteur dans un endroit fictif, mais qui pourrait tout à fait représenter le futur. Isaac de Mont décide de prendre pour thème les pompes funèbres, imaginant son héroïne Alcina Karano : une géante croque-mort.

Le début du récit s’ouvre par le licenciement de cette femme dévouée et courageuse, amoureuse de son patron Visara – un homme narcissique qui ne pense qu’à l’argent… D’ailleurs, les affaires vont mal pour la société… Peu de clients, un climat insupportable et surtout une bande de jeunes venue de la capitale Anoroke pour se faire peur et qui se rend fréquemment dans une ville fantôme à proximité de l’entreprise Visara & Fils… Du haut de plus de deux mètres, l’héroïne se voit confier la tâche de devenir la gardienne, à la nuit tombée. À la manière d’un épouvantail, elle a pour charge de régler ses comptes avec les éventuels voleurs qui voudraient s’en prendre à ce commerce maudit…

Lors de ses gardes sinistres, un mystérieux phénomène a lieu… Un matin, Karano retrouve des traces incompréhensibles dans le sable : des symboles inquiétants qui la mettent particulièrement mal à l’aise… Et elle a bien raison, car cette trouvaille va totalement bouleverser son quotidien. Perte de corps, rituels étranges, violences et cachoteries, Horror Vacui est un livre qui se savoure. Certes, le désert est un lieu vide – mais il est avant tout propice à l’imagination. Karano apparaît comme une grande silhouette parmi les montagnes de grès rouge : une ombre prête à tout pour honorer ses engagements. Elle surveille sans cesse : le lecteur se lance dans la Vallée à travers son œil. Paranoïa, peur et angoisses seront au rendez-vous… Sans compter sur des personnages extrêmement bien développés, dont… Un animal ! Sans vouloir révéler davantage au sujet de ce texte, il faut bien comprendre que cette aventure sans repos est aussi métaphorique. Karano dans cette passion folle pour son supérieur finit par découvrir la solitude indésirable. Tout au long du récit, le lecteur se demande quels sont les secrets de cet endroit…

L’un des atouts du livre est incontestablement l’exploitation de la ville fantôme, juste à côté de l’entreprise : Romasaga. Ce lieu donne des frissons dans le dos, malgré la chaleur écrasante de ce désert évoque peut-être la Vallée de la Mort aux États-Unis.

Parmi les autres qualités, le développement de l’héroïne est particulièrement travaillé. D’ailleurs, les personnages qui gravitent autour d’elle ont l’air si réels que l’on parvient à parfaitement les imaginer. De grands rebondissements et des retournements de situation vont vous faire sauter de votre canapé. Ce thriller « mystique » incarne aussi sa part d’émotion : il traite certes de la mort, mais sous un angle bien vivant. L’oubli, les limites du progrès… Que deviendront les cimetières abandonnés ? Est-ce qu’on se souviendra vraiment de ces gens implantés dans le désert, à la manière de clans ?

Isaac de Mont est un écrivain qui dissimule énormément d’indices dès le début de son œuvre. Il propose un roman coup de poing, qui retourne l’estomac avec un final déstabilisant, voire excellent. On referme le livre avec une étrange sensation de satisfaction et de nausée à la fois. Grâce à une plume élégante, l’auteur parvient à décrire des situations sales et organiques, sans plonger dans le gore gratuit. Ce récit qui sort vraiment de l’ordinaire s’adresse à une cible spécifique, même une niche. Il peut être effrayant d’accompagner cette géante androgyne, forte et déterminée, dans ce monde qui semble mort. Et pourtant, il y a dans ce roman une espèce d’espoir, de désillusion. Dans ce puzzle macabre, chaque élément a son importance. Comme un marionnettiste, Isaac dirige son lecteur vers une fausse piste, pour jouer avec ses sentiments…

L’ouvrage est disponible depuis fin mars aux éditions du Grimoire et de la Plume, une petite maison implantée dans le Tarn. Ce deuxième livre est une réussite totale pour Isaac, qui s’impose un peu plus dans le paysage littéraire. Malgré son imagination très étoffée et ses prises de risque, l’écrivain semble avoir franchi un cap avec Horror Vacui. Un récit que l’on n’oublie pas de sitôt et qui bouscule l’esprit, jusqu’aux tréfonds de l’âme.

 S.B. 

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livres

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