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In Homo Veritas de Denis Fournaud : le livre Homo Rigolens

La science et la technologie sont-elles des obstacles au bien-être ? C’est un peu le genre de réflexion que l’on pourrait se faire au sujet du livre manifeste In Homo Veritas, proposé par le blogueur et auteur Denis Fournaud. Cet ouvrage alternatif a été récemment publié aux éditions AMH Communication.

En fait, cette sortie littérature est une sorte d’essai, qui reprend les posts de son créateur, Denis Fournaud. Il signe ses billets sous le pseudonyme Sined Duanrof. Ce blogueur partage ici le contenu de son texte pour le moins original sous une autre forme, tout en gardant de son piquant. Sur son site, l’écrivain s’amuse à déconstruire les systèmes qu’il juge trop sérieux. Pourtant âgé de 78 ans, cet activiste rédige une préface où il parle brièvement de sa propre vie, en toute simplicité. C’est sur un ton sarcastique et tranchant que débute cette aventure… Car c’est bien là ce qui vous attend : les tréfonds des pensées d’un homme qui en a marre. Marre qu’on ne puisse pas rire, se moquer de soi-même, cesser de se prendre au sérieux. Le lecteur comprend rapidement qu’il a affaire à un ouvrage qui encourage l’autodérision et qui cherche à apporter un angle différent de réflexion.

Plutôt que de valoriser l’apparence d’un vieux sage cliché au visage fermé, grave et, Sined Duanrof veut s’éclater dans cette œuvre étrange, qui ne ressemble à aucune autre. Par ce réflexe résolument humain, il souhaite détruire son ennemi juré… Comment le décrire ? Celui qui accumule une connaissance superficielle qu’il ne met pas au service du bien-être collectif est bête. Malgré ses nombreuses vulgarités qui illustrent son propos, Duanrof utilise l’hilarité comme une énergie inépuisable.

En résulte donc un manifeste amusant, qui peut parfois surprendre et même décontenancer. Petit à petit, le lecteur tourne les pages et découvre des images comiques et des caricatures. L’auteur n’hésite pas à détourner des écrits classiques, mythiques et réputés pour expliquer son propre courant de pensée, à contre-courant.

Aux yeux de Sined, cela fait quelques années que le monde sombre dans une espèce de malaise. Qu’il se rassure, même si l’auteur est d’une autre génération, les jeunes partageront aussi ce ras-le-bol. Selon lui, l’explosion des technologies représente une vraie menace pour le bien-être des autres. Il n’encourage pas pour autant à l’appauvrissement intellectuel. Sined estime simplement que ce savoir n’est pas bien utilisé, bien exploité. À l’heure où les gouvernements et les grandes entreprises s’interrogent sur la prochaine création transhumaniste à vendre pour détruire la Terre, l’humaniste les ridiculise. Voilà qui n’est pas sans rappeler un certain Diogène. Pour resituer, il s’agit d’une figure emblématique de la philosophie grecque : il symbolise le cynisme. 

L’auteur face à tous ces problèmes semble avoir trouvé une force : tourner les catastrophes en dérision. Après tout, nul ne saurait réfuter cette vérité : la planète souffre et l’humanité aussi. En fait, ce livre a pour but de faire réfléchir tout en prêtant à divertir, à l’heure où la majorité pense que les deux sont profondément incompatibles…

Parmi les nombreux thèmes abordés, Sined Duanruof emmène son lecteur dans une espèce de manuel, qui permettrait de considérer le monde autrement. En matière de science, celle-ci a encore beaucoup de chemin à faire au sujet du rire. Après tout, il semblerait que l’humain soit le seul à rire pour se moquer, même si de récents scientifiques ont découvert une forme de rire chez d’autres espèces que les primates.

            Ainsi, l’écrivain adopte un point de vue provocateur, vis-à-vis de cette « caste » de techniciens, de scientifiques. Il estime qu’ils se prennent bien trop au sérieux et possèdent le savoir, sans jamais rire… Là, le sujet est ouvert. Le lecteur peut critiquer lui-même ce livre qui dénonce les vices d’un système transhumaniste. Récemment, les progrès de l’intelligence artificielle éblouissent et effraient. Désormais, les programmes peuvent créer des œuvres d’art qui auraient pris des dizaines d’années d’exécution, ridiculisant le cerveau humain. Ils peuvent aussi produire de la musique, imiter des voix, remplacer des visages et même imaginer à notre place. Mais quelle est donc l’intelligence artificielle sans une main pour la guider ? Peut-être vaut mieux-il parier sur l’équilibre, une coexistence entre l’humanité et cette machine, personnifiée selon Sined ? Au fond du cœur de l’écrivain, il semblerait que l’heure soit venue de s’éveiller, grâce à la « force cosmique ». Après tout, la quatrième de couverture le dit elle-même : « Rire en raisonnant vous va si bien » …

Denis Fournaud signe ici un ouvrage totalement décalé, excentrique, mais qui pousse bel et bien à la réflexion et au rire. De nombreuses photos de singes — nos plus proches cousins ponctuent le récit et aèrent la mise en page, pour un rendu 100 % authentique. Certains aimeront, d’autres n’adhèreront pas… Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’In Homo Veritas ressemble à un OVNI dans le paysage littéraire actuel. À noter qu’il s’agit d’un ouvrage à découvrir petit à petit, car l’auteur a lui-même inventé des mots et tout un lexique. Bref, un livre qui sort de l’ordinaire et qui donne un peu d’espoir.

 Zack SEMINET

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