Manet et Degas au Musée d’Orsay.

Le musée d’Orsay a rassemblé plus de deux cents œuvres de Manet et Degas, deux peintres cruciaux de la nouvelle peinture des années 1860-1880. L’originalité de cette exposition tient au fait qu’elle illustre le parcours étonnement parallèle de ces deux artistes, qu’il s’agisse de leurs thèmes picturaux, des lieux qu’ils fréquentaient ou des collectionneurs qu’ils approchaient. Ces ressemblances ne masquaient pas leur rivalité et leurs divergences en matière de fréquentation, de goût littéraire ou musicaux. L’un était sociable, ouvert aux mondanités, attiré par le brillant, alors que l’autre était dans la discrétion, le feutré, aimait s’entourer d’un petit monde limité à la sphère familiale et à quelques amis.

A leurs débuts pourtant une amitié semblait vouloir les rapprocher, mais très vite des dissensions apparurent si bien que Degas alla jusqu’à dire un jour de Manet, après la disparition de ce dernier, « Ce Manet… il (m’) imitait toujours » Un paroxysme fut atteint lorsque Degas offrit à Manet le portrait de ce dernier en compagnie de sa femme. Furieux de la représentation qu’avait faite Degas de son couple, Manet découpa la partie du tableau qui représentait sa femme, au prétexte que cette dernière était « trop enlaidie ».

Dans leurs jeunes années, ils ont fréquenté le Louvre, où ils se sont nourris des tableaux de maîtres dont ils réalisèrent des copies ou des œuvres « à la manière de…»,  telles celles  inspirées par Eugène Delacroix.  Dès les premiers pas dans l’exposition, on est frappé par les similitudes des thèmes que ces peintres ont successivement abordés au cours de leur vie artistique.

Qu’il s’agisse des courses hippiques , ou des danseuses ,ou encore des scènes prises sur le vif dans les lieux où ils avaient leurs habitudes, comme le café de la Nouvelle Athènes.

Là, ils y croquèrent, à quelques mois d’intervalles, une jeune femme devant son verre d’alcool,  mais l’une, avec le regard fixe de la personne qui a trop bu , alors que l’autre, au regard engageant, quelque peu malicieux, vous invite  à la rencontre, Parmi les thèmes favoris communs aux deux artistes figurent en bonne place les scènes familiales , ou celles qui font référence à la musique.

Edgar Degas et Edouard Manet se sont tous deux consacrés aux portraits, très prisés à l’époque. Le premier s’attachait à représenter des personnages célèbres, comme ici Emile Zola, très solennel, devant son encrier, un manuscrit à la main , alors que le second dressait des portraits plus intimistes, de personnages plus « décontractés », comme celui du peintre James Tissot dans son fauteuil.

La femme a occupé une place particulière dans leurs œuvres . Tous deux ont introduit un certain réalisme dans la représentation de la femme. Ce fut une véritable  transgression qui marqua une rupture avec le classicisme académique. Olympia de Manet en est un  frappant exemple. Le modèle expose sa nudité avec aplomb, plantant ses yeux dans ceux du spectateur. Le tableau souleva un véritable scandale.

Manet et Degas et quelques autres ont incité Berthe Morisot à faire de la peinture son métier. Manet occupait une place centrale dans ce groupe. Il va faire de nombreux portraits de son amie, la présentant sous les traits d’une femme élégante et moderne . Sur le plan pictural, elle va prendre une place importante dans le mouvement impressionniste, dans lequel elle va entraîner Degas.

Nous devons à cette passionnante exposition à Laurence des Cars, Commissaire Générale, Isolde Pludermacher et Stéphane Guégan, Commissaires à Paris, Stephen Wolohodjian et Ashley E. Dunn, Commissaires à New York.

Christian de Rouffignac,  Rédacteur, Léa Berroche, Directrice du magazine « Arts Culture Evasions »

Informations pratiques:

jusqu’au 23 juillet au musée  d’Orsay,  1 Rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris.

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