BENJAMIN LAPLACE
Auteur Compositeur Arrangeur
Un nouvel album : ETAT D’ÔM 95
Benjamin Laplace est un gars qui gagne à être découvert….

Benjamin Laplace est un gars qui gagne à être découvert. Un chanteur, un performeur de chaque instant. Il est de ces hommes que l’on rencontre, à la vie étrange. L’homme et le guitariste sont différent et pourtant se mélangent. Quand je l’ai vu pour la première fois il était habillé comme ces anciennes stars du rock dont le nom nous évoque quelque chose. Un souvenir. Comme ces vielles stars qui se moquent du monde.
Benjamin est comme ça. De ceux qui, amoureux de la vie, l’ont conquise par la musique et ont parfois été conquis par autre chose, les dérives. De ceux qui ont réussi à y survivre, de ceux qui prouvent que la musique sauve.
Il vit dans un petit appartement, envahi par la seule chose qui compte pour lui, la guitare. Il me dit qu’il est tombé amoureux de l’objet et l’objet l’aime en retour, c’est certain. Il a toujours eu une guitare sous la main, sur un lit, appuyée sur un mur, les cordes contre le mur. Il n’y a pas de lit sur place, un canapé tout au plus. Une vie sacrifiée à la guitare. Une vie pour la guitare. Les mots ont un sens différent pour chacun de nous. Il dirait n’avoir aucun regret. Il dirait avoir connu la gloire, avoir des histoires et des souvenirs suffisants pour un siècle. Son passé n’est pas que gloire, il est touchant dans ce présent, convaincu que sa musique trouvera sa place. Un jour peut-être.
Benjamin ressemblait beaucoup à ces musiciens de province, de ceux qui « montent » à la capitale, à une époque d’insouciance. Aujourd’hui il ressemble à ces dandys, ces gars que l’on regarde du coin de l’œil dans le métro. Il monte à Paris depuis sa région de Nice, avec trois copains comme il le dit : « C’est plus une histoire de potes qu’un véritable projet, on était là, on a eu la possibilité de le faire sans vraiment connaître la suite. » C’est, je pense, le moment parfait pour parler de deux particularités de Benjamin. Il parle et se laisse emporter, que ce soit sur des airs de guitare qu’il maîtrise ou par des anecdotes sur sa vie. C’est parfois étonnant à écouter, de sentir que l’on revit avec lui ces évènements. Deuxième chose il a, quand il ne chante pas, un petit cheveu sur la langue.
Il monte à Paris et par un concours de circonstances se retrouve signer chez une grande majeure avec son groupe Mistral. Il écrit les chansons, c’est son pote qui les chante, celui qui va tomber amoureux de l’héroïne quelque temps plus tard. C’est un rock énervé qui tire beaucoup sur le Punk. Le premier album c’est Sexy Beau. Je trouve que ça résume bien le personnage, une sorte d’érotisme trash émane de lui.
Il est à époque un de ces membres de groupes de la scène rock underground parisienne. Ceux qui jouent partout où l’on veut bien d’eux. Le premier album est là. Peu de succès mais accueil culte pour les fans du genre. Mistral joue et son succès se fait comme souvent à l’époque, par le bouche à oreille. Le groupe fait des tournées, joue en première partie de plusieurs groupes comme Scorpions. « C’était pas notre style Scorpions, ce sont des gars qui font du slow, nous on fait autre chose, nous c’est plus punk. » C’est ce qu’il me dit. Il à raison Mistral est Scorpion, c’est deux salles deux ambiances. Quand je lui demande comment il se sent par rapport à eux, comment ils étaient, il me dit qu’ils étaient en voitures séparées. Je trouve ça marrant de faire partie d’un groupe et d’arriver dans des voitures séparées. Mistral marche assez pour faire un deuxième album. C’est un ovni que sort Mistral, une sorte de troisième sexe d’Indochine avant troisième sexe d’Indochine. Ça sera Unisex.
Benjamin a une âme mondiale. Jamais avare de lui-même, il partage tout ce qu’il peut. Je crois qu’il croit en l’homme, pas forcément en la société qui formate les hommes. Benjamin, se revendique d’un peu tout, sans jamais mettre des mots. C’est bizarre d’être un poète et de ne pas mettre de mots sur les choses. Selon lui c’est un truc de notre époque de vouloir tout définir, de vouloir tout clarifier, le bien, le mal, le noir, le blanc. Pourquoi je disais ça moi ? Ah oui Unisex. Le problème c’est que le succès amène les problèmes, il suffit d’écouter n’importe quel rappeur à partir du deuxième album pour s’en convaincre. Ici, la drogue, l’alcool. Il me dit plus tard ne plus toucher à ces trucs-là. Même pas l’alcool. Son enfance il me dit l’avoir passée dans une sorte de manoir anglais, en tout cas les vacances dans la campagne anglaise. Un truc à la Downtown Abbey j’imagine. Un jour en Corse il va boire avec les membres de son groupe. Il sait pas trop pourquoi mais il comprend qu’il fonce dans le mur. La dame blanche et là et tôt ou tard elle réclame son dû. Luter est-ce que ça sert à quelque chose ? Benjamin quitte la France pour la capitale anglaise. Il abandonne peut-être le groupe aux yeux de certains, lui voit plus cela comme une nécessité. Une obligation pour réussir à vivre, ne plus être dépendant de choses et d’autres. Londres, ça doit être une libération, il est tard quand on en parle, entre temps il a joué plusieurs chansons. Peut-être qu’il est meilleur musicien que chanteur, peut-être même qu’il vit trop la musique pour être bon sur les albums. Il me dit qu’il est plutôt connu dans le milieu, que Jean-Louis Aubert le connaît mais qu’il ne l’aime pas. Ce n’est en aucun cas de la jalousie, juste une différence de vue sur la musique et l’art. Son meilleur pote, le rejoint à Londres au bout d’un moment. Je me dis que si tu fuis les problèmes, les voir revenir si vite c’est une mauvaise chose. Lui, non ! il me dit que c’est une époque de création folle. Un groupe au concept un peu étrange, ménage à trois. Lui, son pote, une sorte de machine qui fait la basse. un peu un mélange entre acoustique et électronique.
Il parle ainsi de sa vie, une nostalgie palpable quand il montre ce qu’il a été. Il me dit aussi qu’après un concert de U2 dont il faisait la première partie avec l’un de ses groupes, le producteur lui a proposé de faire partie d’un nouveau groupe qui avait tout pour cartonner. Benjamin ne veut pas abandonner les gens, il refuse. Je ne connais pas beaucoup de groupes irlandais qui aient aussi bien marché que U2. J’en profite pour lui poser la question sur Bono. S’il à senti un truc spécial pour lui. Il me dit que « non, en fait, c’est compliqué de dire que j’ai pu reconnaître en Bono quelque chose comme ça. » Je le crois. De toutes façons je ne suis pas fan de U2.
Il me montre des vidéos, des interviews de lui, jeune. Il me parle de ses heures de gloire. Il me parle de son avenir mais j’ai du mal à y croire. Il me parle de son incompréhension du monde, de cette recherche du like tout le temps, que ce n’est pas ça la musique. Un rapide tour sur ses pages Twitter, Instagram ou encore Sound cloud nous montre ses contradictions. Il me parle de ses combats de ceux qu’il l’a mené, de ce que ça lui à pris. Il à du sacrifier des choses pour sa vie.
Benjamin aime la personne qu’il est devenu, pas ce qu’est devenu le monde. Il a lancé une carrière solo, un album qui explore un peu plus sa personne. L’album s’appelle « État d’Ôm» comme un état sur sa vie. Il veut être indépendant sur sa création. Il le sera, en tout cas selon lui, c’est son meilleur projet. Sa vie est sans doute plus rangée en ce début de millénaire. Ça fait 20 ans qu’il tient tout en restant lui-même en changeant, en apprenant mais en restant lui-même. Il continue de crée. Un ordinateur, un logiciel et il à accès à toute la musique du monde. Pour une âme folle de création comme lui c’est le paradis. Il tente et il explore sur des projets nouveaux. Des sonorités nouvelles qui le marque, des artistes qui l’accompagne aujourd’hui dans ses projets. Il à l’air heureux de sa vie aujourd’hui. C’est un homme qui c’est battu pour avoir la vie dont il à toujours rêver.
C’est assez impressionnant quand on y pense, tout ça. Un je ne sais quoi, avant c’était un rêve, maintenant sûrement une nécessité. Est- ce que sa vie est un rêve ? Je ne pense pas. En tout cas il aurait sûrement aimé être autre chose. Il parle de longues minutes de ses déceptions, de ses regrets aussi mais un peu moins, des regrets sur la vie, pas sur la musique. Il est amoureux de la musique, de ces choses qui auraient pu être autrement. C’est peut-être pour ça qu’il a voulu refaire un groupe. Un duo : Noux.
Guitare, voix et violoncelle. Noux c’est trois mots pour un groupe indé rock. Un projet unique.
Un projet sous le signe d’un rock érotique trash, à la Bowie. Hommage touchant au rock, à ce qu’il a été. C’est sans doute un peu ça, dès cette pochette, aux couleurs champagne, ses bulles qui explosent une fois arrivées à la surface. Une vie à ne faire que monter. Si c’était ça le rock ? Une musique destinée à conquérir et mourir. L’album s’appelle Sombres illuminés.
L’album est construit comme un hommage. C’est ça la force des très bons musiciens, s’approprier leurs aînés de la plus belle des manières. C’est doux avec une violence cachée. Un doux violent, une douleur invisible qui peuple l’album. Quand on l’écoute, il nous dit que c’est son meilleur projet. Il a sans doute raison. Laplace mélange, les sons, les styles. L’album est un univers. Il faut y être préparé. Sans doute que tout n’apparaît pas à la première écoute, c’est ça Benjamin Laplace, un gars qui gagne à être découvert.



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